samedi 22 novembre 2014

Masques et Bergamasques
Palazzo di Borgo.


Des Pierrots lunaires,
d’extravagantes sorcières,
des diables en rut hurlant la jouissance des enfers,..
furieux accouplements de divinités chthoniennes,
musique angélique sur la lagune,
tambourins,
mandolines,
guitares,
grands éclats de rire énamourés,
chants de gorge et roucoulis...
Le corps souple des femmes.
Rythme languissant.
Un nouvel arrivant.
Des chuchotis...

Le comte... le comte... aussi des larmes de plaisir et Fausta Berestini s’avançant vers lui, mue par le désir, attirée par sa présence. Elle pénètre l’aura  du comte pour se perdre. Noblesse de sa démarche, mouvement souple des hanches,creux des lombes au parfum musqué.
En toute sérénité son corps glisse et vient se lover contre celui du comte qui laisse aller son regard sur la naissance des seins.
Une coupe tendue par la main effilée d’un jeune éphèbe, le champagne imprègne le corps échauffé de Fausta, son visage s’empourpre, ses lèvres s’entrouvrent,  ses cuisses frissonnent. Le couple pénètre la foule multicolore folle de rythme et de musique.
Luigi, le vieil industriel padouan s'appuya contre le balcon de marbre. Il sentit le froid de la pierre le pénétrer, regarda Fausta et le Comte s'éloigner vers la grande véranda du palais. C'était un lieu étrange, un jardin intérieur et secret au sein duquel s'étreignaient à l'heure vespérale, mêlant le suc de leur plaisir en prononçant des paroles étranges.
Comment ne pas penser aux derniers instants de sa vie laborieuse?
Il respira les effluves de la lagune, illuminée à cette heure par les fanaux des gondoles.
La douleur au sommet du thorax s'amplifiait de jour en jour. 
Il héla une gondole et demanda qu'on le ramène à Mestre par
le canal, puis à sa grande maison solitaire dans les faubourgs
de Padoue.



La Véranda

lieu discret
grande baie vitrée réchauffant la couche des amants
plantes tropicales
et senteurs poivrées les roses et les œillets enivrent le cœur
et les gestes lents sur les corps étendus...

*


Les amants sont en lévitation au lever du soleil.  Dans un accouplement gracieux, une danse lascive les transporte sur les berges de la lagune. Fausta se blotti dans les bras du comte laissant son regard se perdre dans les brumes matinales.
Elle songe à Luigi.
Les derniers masques quittent le palais.
S'éloignent.
Des ombres fantomatiques se perdent sur la plage.
Épuisée par sa nuit d'amour Fausta ferme les yeux.
Une est la respiration ..
                                                                                                                                                                                                                                                                                                              
  



©christian cazals

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